Cette dernière décennie, le débat sur la séparation du discours religieux et politique est devenu omniprésent du fait des succès électoraux de certains partis islamiques qui de temps à autre n’hésitant pas à faire appel aux versets coraniques pour donner à leurs positions un pouvoir sacré, réussissant par la même à transformer leurs militants en disciples, prêts à se sacrifier pour leurs convictions, immobilisant ainsi l’opposition et compliquant la vie politique, mais ce même discours empreint de sacré est devenu la cause de leurs échecs futurs.
L’action politique est une action variable et vulnérable en constante évolution et qui nécessite parfois de faire des choix cornéliens entre les options les moins mauvaises, mais la lecture religieuse, en particulier celle basée sur le texte du Coran est explicitée et invariable, et donc relier la position politique éphémère basée sur le changement d’intérêt et de circonstances aux versets coraniques ou aux saints Hadiths, confère clairement à celle-ci un statut divin, alors quand après un certain temps l’appréciation politique change entraînant un changement de position politique, le militant « disciple » a le droit de se poser la question :Pourquoi hier c’était haram et aujourd’hui c’est halal ? ou vice-versa.
La laïcité s’oppose à l’état religieux et n’a nullement pour objectif de s’opposer à la religion, quelle qu’elle soit, c’est un cadre qui permet à toutes les idées et les religions de coexister en son sein.
Alors pourquoi une grande frange de la société s’y oppose-t-elle ? Pourquoi la laïcité est souvent synonyme d’athéisme au Maroc ?
Nous sommes ici dans un degré indicible d’hypocrisie et de contradictions flagrantes, ce n’est pas une question de principes comme le prétendent certains, mais une question d’intérêts, lorsque la laïcité est dans l’intérêt des musulmans, ses valeurs sont les plus belles et les plus magnifiques, mais quand la laïcité donne des droits égaux aux non-musulmans dans les sociétés musulmanes et empêchent les partis islamiques de mettre la main sur le pouvoir, elle est qualifiée souvent du premier ennemi de l’islam et des musulmans.
Les hommes de foi ont parfaitement le droit de s’exprimer, mais n’ont nullement le droit de s’imposer ou d’imposer leur idéologie souvent binaire Haram-Hallal à une société complexe multiconfessionnelle et multiculturelle.
En définitive, Ceux qui s’opposent à la laïcité le font généralement par ignorance ne comprenant pas la signification de celle-ci, d’autres s’y opposent parce qu’ils ne souhaitent pas séparer la religion de la politique pour des intérêts propres mais sont les premiers à la défendre à l’étranger pour garantir les droits des musulmans dans ces pays.
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